Dans le silence austère
Du gracieux sanctuaire
Ta douce main chercha les deux bougies
Il gelait à pierre fendre
Mais je savais m’y prendre
Pour te chauffer à l’ardeur des deux bougies
Et d’un geste serein
J’ai brûlé avec soin
Les deux mèches en coton des deux bougies
Les deux flammes scintillaient
Discrètement je contemplais
Dans tes yeux, le reflet des deux bougies
Les deux bougies, l’une contre l’autre reposée
Les deux bougies, c’est la chanson des passionnés
Les deux bougies, ce sont deux roses allumées
Les deux bougies vont conjuguer le verbe aimer
L’amour était naissant
Nous fondîmes sur-le-champ
Comme fondaient à merveille les deux bougies
La paraffine coulait
Et la cire dessinait
Notre avenir à l’entour des deux bougies
Ton corps bien réjoui
Comblé et assouvi
Posait nu aux lueurs des deux bougies
Un grand peintre aurait tracé
L’un de ses plus beaux portraits
À l’arrière-plan, la fusion des deux bougies
Les deux bougies, l’une contre l’autre reposée
Les deux bougies, c’est la chanson des passionnés
Les deux bougies, ce sont deux roses allumées
Les deux bougies ont conjugué le verbe aimer
Puis un souffle glacial
Fatal et fort brutal
Jeta son vilain sort aux deux bougies
La première s’éteint
La seconde la rejoint
Nous sombrâmes pareillement aux deux bougies
Nous demeurâmes unis
Mon torse fut ton lit
Une fumée s’échappait des deux bougies
Et l’arôme si exaltant
De ton parfum enivrant
Épousa le souvenir des deux bougies
Les deux bougies, l’une contre l’autre reposée
Les deux bougies, c’est la chanson des passionnés
Les deux bougies, ce sont deux roses allumées
Les deux bougies pour conjuguer le verbe aimer
Paroles et musique de Jad Dawaliby
N’avez-vous jamais entendu parler
D’un tailleur qui n’utilise pas un dé ?
Comme il sait bien où faire passer le fil
Il façonne les phrases de mille mots à la file
Des phrases émaillées par des citations
Confectionnées, elles troublent la raison
Dès qu’il parle, tout le monde se tait et l’écoute
En retenant son souffle et sans doute
Sa voix retient les âmes, pénètre les coeurs
Frappe d’une insensible mais charmante langueur
Il crée ses dires, il cisèle ses propos
Il lance les idées d’un air qui est beau
Tailleur de mots
Difficiles sont ses vers et ses discours
Qui ébahissent les sages, tour à tour
Même eux s’égarent dans ses jeux de mots
Qui se propagent à tous les échos
Et si vous saisissez ce qu’il dit
Vous vous trouverez dans son paradis
Où sa musique enchante les roseaux
Où les grands maîtres ont fait leur enclot
Tailleur de mots
Pour elle, je resterai un tailleur de maux
Il révèle une sagesse irréprochable
Et il n’a point de rival intraitable
Souverain dans la romance, il chante d’or
Du coup, vous verrez des plaisirs éclore
Il conçoit ses paroles soigneusement
Sans réfléchir, ni chercher très longtemps
Sur le modèle d’un autre, nul verbe n’est taillé
C’est un penseur qui parcourt mille trajets
Il examine tout sous toutes les coutures
Coud à petits points sans prendre mesure
Au-delà de ses mots et de leurs couleurs
Charmer et fasciner de son passage, c’est son bonheur
Paroles de Céline Assaf
Musique de Md. Asfari
Très longtemps, j’ai attendu que tu divorces
J’ai espéré, j’ai patienté, j’ai épuisé mes forces
Pour la énième fois je t’écris, mais vraiment
Je n’ai plus rien à dire, je tremble tellement
Je t’aime tant, m’aimes-tu toujours comme avant
Depuis ton abandon, je tourne au moindre vent
Tu as esquissé le crépuscule de ma vie
Mes rides, ma calvitie et ma peau flétrie
Me voilà seul, souffrant et mes jours sont comptés
À t’attendre je n’ai récolté que le regret
J’ai gâché ma vie, je suis veule et pitoyable
Te haïr ? Si seulement j’en étais capable !
Sur ma vie, pas une fête n’est passée sans douleur
Pas une saison, pas une nuit, même pas une fleur
N’a réussi à faire engloutir mon désir
De te récupérer et te retenir
À l’âge heureux, ton manque a étouffé mon être
Sans cesse, mon coeur endure les ronces qui le pénètrent
Un vin de Bordeaux mue en lettres et en pensées
Seule toi, ma tendre muse, guérira mes plaies
Très lentement, j’expire avec un grand dédain
Pour finalement périr et noyer mon chagrin
Un seul mot de ta part apaisera mon âme en peine
Qui errera longuement ligotée de mille chaînes
Elle traînera en otage, remâchant des souvenirs
Cloîtrés dans mes sentiments, escortés de longs soupirs
Soulage mon esprit captif, à deux pas de perdre son corps
Tu as massacré ma vie, exonère ma mort
Paroles et musique de Jad Dawaliby
Tous mes meilleurs amis sont partis, partout, un à un
Puis il n’est resté plus personne, hélas ! sur mon chemin
Pour escorter mes pas ou parfois me tenir la main
Et essuyer mes larmes les jours de joie ou de chagrin
Et depuis, j’ai vécu tout seul dans un silence hautain
Pourtant, c’est ce silence auquel je crois, auquel je tiens
Je me suis retrouvé et je ne me trahirai point
Mieux vaut être présent pour soi qu’absent parmi les siens
La vie est si cruelle que nous vivons dans l’incertain
Une journée de galère renaît à l’aube de chaque matin
Si la distance et si le temps effacent nos quotidiens
C’est la faute de la vie qui fait de nous des bohémiens
Que de soirs vous me manquez mes chers et bons copains
Surtout les nuits d’hiver lorsque l’esprit est orphelin
Votre absence me déchire et me rappelle ce musicien
Qui a perdu ses doigts sans jamais perdre son instinct
Les photos accrochées aux murs sont les derniers témoins
De l’ivresse qui nous emmenait de refrain en refrain
J’ai hâte de vous revoir et de revoir couler le vin
Comme au temps des vingt ans et du vieux passé qui m’étreint
Si un jour la chance nous réunit dans le même train
Pour d’autres aventures, d’autres gloires, d’autres butins
Je profiterai de chaque instant en sachant qu’à la fin
Chacun reprendra son voyage, déjà je serre les poings
Lorsque la mort vaincra, nos âmes s’envoleront au loin
Au paradis ou en enfer pour défier leurs destins
Nous chanterons, nous trinquerons, réservez-moi un coin
Autour d’un feu ardent ou dans un bar parmi les saints
Si par hasard vous tombez sur ce chaleureux refrain
Faites-moi un petit signe, n’attendez pas jusqu’à demain
Nos coeurs se sont mêlés un jour, l’amitié s’en souvient
Elle sera toujours victorieuse, l’amitié elle revient
L’amitié, elle revient
Paroles et musique de Jad Dawaliby
Que de fois je songe et je regrette
D’avoir gardé dans ma vie ta place déserte
Je me demande pour quelles raisons
Ou s’il y avait peut-être une raison
Qui m’empêcha d’accueillir l’amour
Car il y avait une fois, pas loin d’ici
Une injustice intolérable, un temps maudit
Où une action s’est déroulée
Mais demeurant inachevée
Sa conjugaison c’est l’imparfait
À l’imparfait tu me dis je t’aime
Au présent je chante notre emblème
N’a-t-il pas dit qu’un seul être vous manque et tout est dépeuplé ?
Tu demeures, éternellement, le monde entier
C’est malgré moi en fait que j’ai cédé
À la pression, aux dogmes de la société
Je manquais tellement de courage
Puis j’évitais le commérage
Ainsi notre mythe a fait naufrage
À l’heure du choix j’étais tant assommé
Mais si tu crois encore que ce fut de plein gré
Tu resteras toujours en cage
Prisonnière du temps, de ses outrages
Il t’a bien fallu admettre ton âge
La conjugaison des verbes m’était facile
Rien qu’au temps présent j’écrivais mes chansons
Le futur parfois pimentait mes tournures
Pour rimer avec l’illusion qu’on se marierait un jour
Vivre sans toi
Et en ce moment, quelle que soit
Ton opinion sur ces mots là
Il me semble que tu vis avec moi
Et il paraît que je vis avec toi
Paroles de Jad Dawaliby
Musique de Mario Nseir
Écoute, même le ciel pleure avec nous ce soir, ce soir distinct de tous les autres soirs. Nos convives sont partis et nous revoilà muets, en train de scruter inlassablement les broderies et les tapisseries que nous venons de recevoir pour nos noces de laine. En dépit de notre accablement, nos coeurs battent toujours la chamade mais, malheureusement, l’amour n’ose plus faire le premier pas. Tiens, est-ce le cognac qui te pique les yeux, ou est-ce encore une larme que tu retiens ? Viens mon âme, viens mon coeur, viens que je te rappelle que même les nuits les plus sombres ont elles aussi leurs aurores...
J’en ai marre de te chérir sans même savoir
Si ce soir fécondera un grain d’espoir
Si mes semences en excès finiront par engendrer
De notre amour, un bébé
Je me lasse de guetter ton printemps stérile
Nos saisons sont toutes devenues en péril
Longtemps je t’ai arrosé, défiant ton aridité, mais en vain et sans succès
Comprends-moi s’il te plaît
Je t’aime tant
Tant que tu m’aimes
Tellement j’y crois
Autant que toi
Que le ciel couronnera notre vie d’un brin de joie
Dans nos coeurs gardons la foi
J’ai la nausée de rêver seul à tes délices
Pour jouir comme un adolescent novice
J’endure de me réveiller aux fragrances des draps mouillés
Entre mes bras un oreiller
À quoi bon qu’on fasse l’amour sans faire l’amour
Sans parvenir à concevoir nos prochains jours ?
À bout des consultations, je suis las des prescriptions
Et que dire des positions, des fausses couches, des déceptions ?
Je t’aime tant
Tant que tu m’aimes
Tellement j’y crois
Autant que toi
Que ce feu qui brûle en toi finalement enfantera
Notre rêve... Je rêve déjà
Tu te reproches de n’avoir pas pu accoucher
De notre futur, de notre simple volonté
Est-ce la volonté divine qui nous punit ou sévit ?
Est-ce la science qui nous trahit ?
D’ailleurs j’en ai assez de notre condition
Du bla-bla oiseux, des interrogations
Optons pour d’autres solutions : mère porteuse ou adoption
Pour sauver la relation, il faudrait une décision
Je t’aime tant
Tant que tu m’aimes
Tellement j’y crois
Autant que toi
Que bientôt tu porteras dans tes entrailles puis tes bras
Un enfant pour toi et moi
Croisons les doigts
Touchons du bois
Paroles et musique de Jad Dawaliby
De ton passé de guerres et de tes années de misère
Tu as jailli en battant des ailes jusqu’à la lumière
En quête d’un avenir meilleur, je t’ai abandonné
Pardonne mon offense, c’est pour mieux te retrouver
Ce jour viendra où je reviendrai
Respirer l’air pur de tes forêts
J’embrasserai la neige de tes sommets
Désormais pacifiés
Puis je fredonnerai cette chanson
Sur des airs de joie et de passion
Dans l’espoir de porter loin ton nom
Sans hésitation
La Méditerranée qui valse aux pieds de tes montagnes
Recueille les larmes en préservant son éclat de champagne
Et sous ton sol meurtri d’où gisent des cèdres consacrés
Que de villages et que de corps de jeunes sont enterrés
À l’heure où ta chair gémissait sous l’assaut du malheur
Ton coeur vibrait d’espoir grâce à ton peuple explorateur
Armé de son savoir et accroché à sa mémoire
Il remplissait de ses succès les pages de ton histoire
De toutes les splendeurs étendues sur les continents
Tu resteras le coin mystique, le phare de l’Orient
Tu ondules humblement sur un bout radieux de la Terre
Pourtant ton nom a franchi les écueils de tes frontières
Liban
C’est la soif des martyrs mais c’est également mon envie
De te revoir balayer tes soucis et tes ennuis
S’ils hurlent à la guerre, je rugirai pour la paix
Tant que la survie du Liban demeure menacée
Liban
Paroles de Jad Dawaliby
Musique de Marc Abou Naoum
On m'a réveillé pendant le voyage pour me chuchoter : arrête de rêver
Mais un rêve est aussi un voyage, une évasion dans nos pensées
Souvent les voyages engendrent des rêves, puisque s'échapper attise le brasier
D'autres fois ils fleurissent dans nos rêves, dans l’exil de nos souhaits
Puis le temps détruit tous nos rêves qui demeurent insatisfaits
Comme ce temps avale, sans frontières, tout le temps non consommé
À espérer, ou à faire des promesses qui font mal, qui font couler
D'autres rêves liés à nos rêves quand l'envie est leur sujet
Mais mes rendez-vous avec un seul rêve se font plus fréquents, voire même recherchés
Je me presse de tailler en silence, mon châtiment bien mérité
Car je m’y accroche avec endurance, cerné d’une passion capable d’enflammer
Mon désir qui s’accroît dans l’absence, dans la crainte, dans le secret
En proie aux fantasmes qui me hantent et victime de mon péché
Je t’élève au pic de mes rêves mais tu ne sauras jamais
Que je me suis enivré de ton être dans la honte et la fierté
Et si tu ne demeures qu’un rêve, il me suffit de rêver
Paroles et musique de Jad Dawaliby
Si je te propose de rentrer avec moi ce soir
C’est parce qu’une flamme est née
Il y a quelques instants
Et qu’il faudrait la stimuler
Avant qu’elle ne s’éteigne
À tout moment
Dès que notre quête du plaisir forge son refrain
La passion taille ses premiers maux
Le temps de cette nuit
Où tout commence
Où tout prend fin
Sauf si elle nous emporte à demain
À quatre mains
Au masculin ou bien au féminin
Car l’amour c’est lorsque le désir persiste à inspirer le désir
Puisque le silence a réprimé nos derniers mots
Nos frissons voilent la déception soumise au consensus
Au sein des sentiments froissés
Témoins d’une escapade qui chavire vers le passé
Car souvent, l’œuvre de chair éteint le vif désir des êtres lorsque le plaisir est conquis
Paroles et musique de Jad Dawaliby
Dis-moi c’est qui ton amoureux ? Est-il plus beau que moi ?
Est-il plus riche ? Est-il plus jeune ? Mais l’âge ne comptait pas
Aux premières lueurs de nos jours
Avant l’avènement des vautours
Qui ne guettent rien que ta chair
Lâche-les, tu m’exaspères
Va-t’en, sans bruit, effleurer tes envies
Mais rentre à l’aube au creux de notre nid
Car au réveil tout se noie dans l’oubli
Puisque nos règles sont ainsi définies
Dis-moi que faire de mes nuits quand les tiennes se régalent
D’un consentement qui me nuit et d’un jeu inégal ?
Tes relations simultanées
Deviennent difficiles à gérer
Cette polycule n’est qu’un défi
Qui pèse sur notre vie
Va-t’en, sans bruit, rejoindre tes chéris
J’éteins le feu qui ne m’exalte plus
Et je reprends mon chemin, sans souci
D’être à moitié aimé, en théorie
Paroles et musique de Jad Dawaliby
Pareil à l’enfant prodigue, je me libère
Dans un monde d’insouciance pour satisfaire
Mes désirs et mes chimères parfois vulgaires
Avec gourmandise et sans barrières
Puis un jour je me réveille dans la misère
Sans ailes et sans racines, en solitaire
Le temps est irréversible mais il génère
Des leçons de vie qui nous éclairent
Sans-le-sou et sans réserve, je reviens chez mon père
Dès que mon destin emprunte des voies amères
Il m’attend les bras ouverts, m’apaise et puis me serre
« Je t’aime », il me murmure de sa voix chère et sincère
Si l’amour honore des lois, elles sont légères
Car les volontés du cœur sont libertaires
Se débarrasser de son enfant n’est guère
Une option pour une mère ou un père
Sans-le-sou et sans réserve, je reviens chez mon père
Dès que mon destin emprunte des voies amères
Il m’attend les bras ouverts, m’apaise et puis me serre
« Je t’aime », il me murmure de sa voix chère et sincère
Et je l’aime...
Paroles de Jad Dawaliby
Musique de Wissam Keyrouz
À mes quarante ans, dans les fracas du vent
Je voudrais trinquer à ces chers quarante ans
Quarante ans de fièvre, de sueur et de sang
Mais beaucoup d’amour a fait passer ce temps
Oui, j’ai quarante ans ! Non, ce n’est point gênant !
L’âge n’est qu’une fiction qui change à tout moment
Des fois, il déçoit, d’autres fois, il surprend
Mais la vraie mesure est ce que l’on ressent
Le temps, le temps, le temps
Nous traîne vers le néant
Et règne tranquillement
Depuis le temps des temps
Le temps, le temps, le temps
Sans aucun concurrent
Jusqu’à la fin des temps
Le temps
Mais ces quarante ans n’étaient pas suffisants
Pour fêter la vie et tailler tous ses chants
Nul homme ne pourra compléter son roman
Puisque la mort frappe sans avertissement
Aurais-je plus de temps ? Peut-être quarante ans ?
Pour trouver l’amour ou aimer autrement ?
Tant qu’il y a des rêves et un soleil levant
Je poursuis ma quête dans les fracas du vent
Le temps, le temps, le temps
Nous traîne vers le néant
Et règne tranquillement
Depuis le temps des temps
Le temps, le temps, le temps
Sans aucun concurrent
Jusqu’à la fin des temps
Le temps
Paroles et musique de Jad Dawaliby